Spécificité de la poésie chez Coleridge : poema, persona, biographia : Sur le vrai sens de la « suspension volontaire et momentanée de l’incrédulité, qui constitue la foi poétique »
L'étude examine la formule célèbre de la « suspension volontaire momentanée de l’incrédulité », mal interprétée par la narratologie. Contrairement à l’idée commune, cette notion concerne la poésie, non la fiction. Coleridge oppose la « disposition poétique » à la fiction en prose, en insistant sur la spécificité poétique unique ; non pas la célébration de la nature, non pas la célébration de la foi. La poésie chez Coleridge représente une interruption volontaire créatrice, une ontothéologie du lyrisme visant une fidélité à soi-même et une exploration métaphysique. La poésie ne vise pas la vraisemblance mais la vérité ; la suspension volontante redéfinit le temps et lui ôte sa neutralité mécanique ; la volonté dit la création libre offrant la formule d’« une conquête de soi », d’un « gouvernement libre et cependant absolu », tandis que le roman semble se disperser et disperser toute individualité et « persona » dans l’excès de ses histoires. La différence entre poésie et roman se fonde sur une discussion très précise chez Coleridge de ce qu’est la métalepse romanesque, en particulier chez un Swift qu’il critique de près. Coleridge entend ôter la métalepse à la technique du scepticisme généralisé d’une part. Il définit la suspension poétique comme la source de toute métalepse possible. On peut parler d’une construction métaleptique du vers, et du lyrisme comme une épopée métaleptique en vers. L’épopée métaphysique propre à la poésie se construit dans le vers suspensif, dans le jeu rythmique de la vie elle-même, littéralement « bio-graphia » du rythme comme exposition du soi et dépliement du monde.
The study examines Samuel Taylor Coleridge’s famous formula of the »willing suspension of disbelief«, which has been widely misinterpreted by narratology. Contrary to common belief, this notion pertains to poetry, not fiction. Coleridge contrasts the »poetic disposition« with prose fiction, emphasizing the unique specificity of poetry as a fundamantal mode and practice of thought. For Coleridge, poetry represents a creative voluntary interruption, an ontotheology of lyricism aimed at fidelity to oneself and metaphysical exploration. Poetry does not seek plausibility but truth; willing suspension redefines time, removing its mechanical neutrality. Willingness signifies free creation, offering the formula of »self-conquest«, of a »free yet absolute government«, while the novel seems to disperse and scatter individuality and »persona« in the excess of its stories. The difference between poetry and the novel is based on Coleridge’s discussion of what constitutes narrative metalepsis, particularly in his close critique of Jonathan Swift. Coleridge seeks to remove metalepsis from the domination of skepticism. He defines poetic suspension as the source of all possible metalepsis. One can speak of a metaleptic construction of verse, and of lyricism as a metaleptic epic of verse. The metaphysical epic inherent to poetry is constructed in suspensive verse, in the rhythmic play of life itself, literally »bio-graphia«, of rhythm as the exposition of the self and the unfolding of the world.
Die Studie untersucht die berühmte Formel von der »momentanen freiwilligen Aufhebung der Ungläubigkeit«, die von der Narratologie falsch interpretiert wird. Entgegen der landläufigen Meinung bezieht sich dieser Begriff auf die Poesie, nicht auf die Fiktion. Coleridge stellt die »poetische Disposition« der Prosafiktion gegenüber und betont dabei die einzigartige poetische Besonderheit; nicht die Feier der Natur, nicht die Feier des Glaubens. Die Poesie bei Coleridge stellt eine kreative freiwillige Unterbrechung dar, eine Ontotheologie des Lyrismus, die auf Selbsttreue und metaphysische Erforschung abzielt. Poesie zielt nicht auf Plausibilität, sondern auf Wahrheit; die willentliche Unterbrechung definiert die Zeit neu und nimmt ihr ihre mechanische Neutralität; der Wille sagt die freie Schöpfung aus, die die Formel einer »Selbsteroberung«, einer „freien und doch absoluten Regierung« anbietet, während der Roman sich zu zerstreuen scheint und alle Individualität und »persona« im Übermaß seiner Geschichten zerstreut.Der Unterschied zwischen Poesie und Roman beruht auf einer sehr genauen Diskussion Coleridges darüber, was die Metalepse im Roman ist, insbesondere bei einem Swift, den er sehr kritisch sieht. Coleridge beabsichtigt, die Metalepse einerseits der Technik des allgemeinen Skeptizismus zu entziehen. Er definiert die poetische Suspension als Quelle jeder möglichen Metalepse. Man kann von einer metaleptischen Konstruktion des Verses sprechen und Lyrik als metaleptisches Epos in Versform bezeichnen. Das metaphysische Epos, das der Poesie eigen ist, wird im suspensiven Vers aufgebaut, im rhythmischen Spiel des Lebens selbst, buchstäblich „Bio-Graphia« des Rhythmus als Exposition des Selbst und Entfaltung der Welt.
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